Sage-femme et femme sage
Lundi 27 octobre 2008.
Il y a quelques jours, j'ai pris rendez-vous avec Anne C.
C'était un peu étrange; en lui parlant, je me suis rendue compte que j'avais le trac... Je craignais de l'entendre me dire qu'elle était "surbookée", que j'étais trop loin, qu'il fallait que j'écoute les médecins. Mais non, rien de tout cela. Elle m'a proposé un rendez-vous, et très rapidement de surcroît.
Ce matin donc, nous prenons la route de Villar-Saint-Pancrace. nous, car j'ai absolument voulu que Rémi m'accompagne. Je crois que je souhaite qu'elle perçoive notre détermination, en non qu'elle pense que je me lance seule dans cette aventure.
Plus nous nous rapprochons de notre destination, plus mon estomac se serrent. Les premières craintes reviennent. J'en parle à Rémi, il tente de me rassurer en me disant que si Anne C. refuse de suivre cette grossesse, peu importe le motif, nous irons voir ailleurs, plus loin s'il le faut. Il conclut par : « Surtout, cesse de t'inquiéter pour l'instant. »
Nous arrivons un peu en avance à Villar-Saint-Pancrace. Nous prenons tranquillement la direction de la maison... Une jolie maison avec un jardin encombré de ballons, vélos et bien d'autres choses encore. Je sonne. Elle tarde à nous ouvrir, puis apparaît enfin, s'excuse; elle était au téléphone et nous dirige vers le côté de la maison. C'est là que se trouve l'entrée qui mène à son bureau.
Elle nous fait asseoir. Son bureau est une petite pièce comprenant un lit sur cales, des étagères envahies de livres et de papiers divers, et sa table de travail couverte elle aussi de papiers. Accrochés au mur, sept casiers s'alignent, un pour chaque membre de la famille. J'aime ce "joyeux capharnaüm".
Anne C. est un petit bout de femme qui, au premier contact, m'est apparue froide. Mais au cours de l'entretien, je me rends compte qu'elle est franche tant dans ses paroles que dans son attitude. Elle me fait beaucoup penser à une ancienne voisine et amie, Anne-Marie...
Elle nous interroge sur notre demande. Nous lui expliquons qu'au début nous voulions simplement éviter la césarienne, mais qu'avec le temps l'option de l'accouchement à domicile s'est doucement imposé et nous semble plus en accord avec ce que nous cherchons. Elle se montre ferme : l'accouchement à domicile après deux césariennes, pas question. Elle est claire avec nous, s'il y a le moindre problème, il ne lui sera fait aucun cadeau. Elle ne veut pas aller "en taule".
Elle nous invite donc à prendre contact avec les obstétriciens de Briançon (Gap, c'est même pas la peine...) pour leur présenter notre projet d'accouchement par les voies naturelles qui semble "raisonnable". L'objectif est de convaincre non pas un, mais trois médecins. Cela me paraît impossible. Elle nous dit aussi que si nous ne parvenons pas à persuader ces trois médecins, nous envisagerons avec elle une alternative...
Pas besoin de prendre immédiatement rendez-vous pour le mois de novembre, il suffit de téléphoner trois jours avant.
En ressortant de la consultation après avoir reçu quelques conseils alimentaires (privilégier le bio et la volaille, supprimer le café, diversifier les huiles, etc.), je me sens légère, soulagée. Elle accepte de suivre ma grossesse.
Reste quand même ce sentiment de "mission impossible" quand aux médecins à convaincre, eux si prompts à jouer du bistouri. Mais il nous reste encore quatre mois pour affûter nos arguments.