Dans le flou du diagnostic

Publié le par Rémi

Nous avions rendez-vous mardi dernier à l'hôpital d'Embrun pour la troisième échographie. En fait, c'est la quatrième étant donné qu'un examen intermédiaire a été réalisé à Briançon il y a cinq semaines. Mais c'est bien la dernière, celle de la 32ème semaine. 32 et même 33 semaines et 4 jours. Déjà. Une étape supplémentaire qui nous fait prendre conscience de la vitesse à laquelle nous nous rapprochons du terme de notre odyssée, qui sera également le début d'une autre aventure, bien plus longue celle-là.

Est-ce l'horaire matinal du rendez-vous, toujours est-il que nous n'attendons pas bien longtemps. Nous pénétrons dans la salle d'examen où nous commençons à avoir nos repères... je sais à l'avance, par exemple, où installer la chaise pour à la fois profiter des images de l'échographie sur le moniteur et rester en contact visuel avec ma douce.

L'échographiste pose la sonde sur le ventre rebondi de Gabrielle et, comme à chaque fois, la magie en noir et blanc se renouvelle. Après quelques instants seulement, elle gèle l'image sur le visage de notre enfant, de face. Les détails sont encore plus précis que la dernière fois, l'émotion aussi. Le bonheur qui se bousculait dans ma poitrine deux mois et demi plus tôt a laissé la place à une félicité plus sereine. Ma joie est intense mais calme, comme pacifiée devant ce visage qui m'est déjà familier alors que j'en connais à peine les traits.

L'image s'efface pour laisser la place aux suivantes, forcément parcellaires maintenant que notre enfant s'est développé. L'estimation du poids est un poil au-dessus de la moyenne : un peu plus de deux kilos. Suffisamment basse pour nous laisser espérer un accouchement par voie basse, suffisamment haute pour nous rassurer sur la bonne santé de notre bébé. Ce qui est moins rassurant, en revanche, c'est l'insistance avec laquelle l'échographiste passe et repasse sur la tête de Salomé. Elle y passe deux bonnes minutes en début d'examen avant de passer en revue les différentes mensurations. Puis elle y revient en fin d'examen et, à nouveau, effectue un grand nombre d'allées et venues sur la boîte crânienne de notre fille, explorant son cerveau sur toute sa hauteur. Quelque chose semble lui déplaire. « Il y a quelque chose là... » Oui, mais encore ? « On dirait un kyste... » Et donc ? « Je n'ai souvenir d'avoir vu ça qu'une seule fois... » C'est donc rare, mais est-ce grave ?

Nous n'en saurons pas plus. Visiblement perplexe par ce qu'elle a vu, elle refuse de se prononcer sur sa nature et nous explique qu'elle a besoin de vérifier. Ajoutez à cela une autre image ovale décelée sur la berge antérieure du col de l'utérus, « trop claire pour être liquide... du liquide épais peut-être... », bref une tache tout aussi indéterminée que la première, et vous avez une idée de notre état d'esprit au moment où nous quittons l'hôpital. Nous devons revenir le lendemain après-midi pour récupérer les conclusions. Nous n'avons objectivement aucune raison de nous affoler, mais ça ne sert pas à grand chose de se le répéter : une angoisse sourde, informe, s'est installée sur laquelle nous n'avons aucune prise. C'est comme ça, être dans le flou est toujours inconfortable.

Mercredi à 14h, direction le secrétariat d'échographie. Toujours aussi aimable, la secrétaire ouvre son armoire et nous tend l'enveloppe contenant les clichés. Nous franchissons les quelques mètres qui nous séparent des sièges qui suffisent à transformer le couloir en salle d'attente et Gabrielle s'assied pour parcourir son exemplaire des conclusions. Le mien en mains, je reste debout et saute directement aux conclusions, en base de la seconde page. « Présence d'une image liquidienne en arrière du cavum du septum lucidum de 13mm évoquant une image de cavum vergae (...) image considérée comme une variante en l'absence d'anomalie associée. » Il est également indiqué que le diagnostic a été confirmé par un confrère à qui les images ont été transmises. Quant à la tache sur le col interprétée comme un possible kyste, « mais d'aspect non liquidien ou liquide épais », nous n'en saurons pas plus, ni sur sa nature ni sur les éventuels problèmes que cela pourrait poser.

Conclusion : tout va bien... même si, en l'absence d'interlocuteur, nous sommes à peine plus avancés que la veille. Les images de cette échographie seront donc du voyage, en début de semaine prochaine, histoire que nous puissions les montrer aux différents obstétriciens avec qui nous avons rendez-vous. Ce court épisode ne sera sans doute qu'une péripétie anodine dans cette odyssée, mais dieux que les médecins s'y entendent pour vous inquiéter même quand il n'y a pas de raison ! Peut-être même surtout quand il n'y a pas de raison !
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N
bonjour, ils'avére qu'il m'arrive le meme cas que toi, j'aimerai savoir si l'enfant se porte bien et si il n'a pas de probléme. mon adresse naslaclass@hotmail.fr. merci
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E
Ah oui, c'est toujours sympa de s'entendre dire : "je ne peux rien vous dire pour l'instant...". Mais comme tu dis, ca ne sera certainement qu'un petit accroc dans l'histoire, sans conséquences.
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R
<br />  En fait, il voit mieux que ce se soit passé comme ça plutôt qu'elle se soit avancé à dire quelque chose dont elle n'était pas sûre. Mais nous aurions tout de même préféré qu'elle nous dise<br /> carrément : "je ne sais pas, je vais demander à un confrère." Mais c'est le genre de discours que la plupart des médecins ont visiblement du mal à avoir... question d'ego sans doute.<br /> <br /> <br />